L’HISTORIE DE PRAGUE

La fondation de la ville

D’après une vieille légende tchèque, la princesse mythique Libuše aurait prophétisé à la ville de Prague, une gloire qui s’élèverait jusqu’aux étoiles. C’est elle qui aurait également désigné le lieu où la ville à venir devrait s’édifier. Les historiens font remonter les premiers peuplements au néolithique. Son histoire réelle est toutefois étroitement liée au Château de Prague qui, après sa fondation en l’an 870, devint le siège des souverains de Bohême.

Les heures de gloire du passé

Le véritable essor de la ville coïncide avec la première moitié du XIVe siècle, lorsque le Charles IV, roi de Bohême et empereur du Saint-Empire germanique, en fit sa résidence impériale officielle et la capitale de l’Empire. La fin du XVIe siècle est l’autre moment-clé dans l’histoire de Prague. Sous le règne du souverain de Bohême et empereur du Saint-Empire, Rodolphe II de Habsbourg, la métropole tchèque devint le foyer de la vie politique, sociale et culturelle de l’Europe centrale.

L’histoire moderne

Prague capitale du nouvel état de Tchécoslovaquie

Avec l’indépendance de la Tchécoslovaquie, proclamée le 28 octobre 1918, Prague redevient capitale et nombre de rues sont rebaptisées. La ville est modernisée et étendue. En 1922, la Grande Prague est fondée qui englobe ses faubourgs jusqu’alors indépendants comme Vinohrady, Žižkov, Dejvice, Smíchov, Střešovice ou Košíře. Elle connait un développement urbain sans précédent, se voit adjoindre nombre de théâtres, un aéroport à Kbely, la place Venceslas est refaite, en 1928, pour faire place au trafic automobile, la cathédrale Saint-Guy est achevée en 1929 à temps pour fêter dignement le millénaire de la mort de saint Venceslas. La crise de 1929 ralentit ce développement sans pour autant l’arrêter. L’aéroport de Praha-Ruzyně est alors mis en service. En 1938, Prague compte un million d’habitants. Le cubisme connaît une vogue toute particulière grâce à des architectes comme Pavel Janák, Josef Gočár ou Josef Chochol qui créent ce style typiquement tchécoslovaque : le rondocubisme. Un quartier entièrement cubiste se construit à Vyšehrad.

Prague dans l’âge Noir des totalitarismes

Immédiatement après la prise de pouvoir de Hitler, Prague devient un lieu d’exil de nombreux allemands, du fait de sa proximité géographique avec Berlin, du siège du parti social-démocrate allemand exilé, la SoPaDe (de:Sopade) et parce qu’on parlait allemand. C’est ici que le SoPaDe a publié son Manifeste de Prague qui incitait au soulèvement contre Hitler en janvier 1934 (de:Prager Manifest). Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Prague accueille les réfugiés tchèques expulsés des Sudètes rattachés au Troisième Reich suite aux accords de Munich. Le 15 mars 1939, la Bohême-Moravie est conquise dans son intégralité et Adolf Hitler parade au Château de Prague. Les universités et grandes écoles sont fermées et les manifestations estudiantines réprimées dans le sang. Le 27 mai 1942, dans Hradčany, un attentat coûte la vie au SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich, surnommé « le bourreau ». Prague perd une part importante, sinon en nombre, du moins en ce qu’elle participait indéniablement au rayonnement culturel de la ville, de sa population. Exilés, suicidés (comme le poète Jiří Orten) ou déportés au camp de concentration de Theresienstadt ou ailleurs, la communauté juive de Prague est décimée.

À l’inverse de ses rivales d’Europe centrale, Vienne, Dresde, Varsovie ou Berlin, la métropole tchèque a peu souffert en ses murs des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

Le 5 mai 1945, éclate une insurrection qui mènera à la Libération de la ville par une Résistance largement improvisée autour d’un Conseil national tchèque (Česká národní rada ou ČNR), qui prend la tête de l’insurrection. Le 8 mai, les troupes allemandes capitulent et, selon des accords préalables, l’Armée rouge « libère » Prague le 9 mai 1945 lors de l’offensive de Prague. Peu après la Seconde Guerre mondiale, le Parti communiste tchécoslovaque monte en puissance. Les élections de 1946 et de 1948 donnent la majorité aux communistes à Prague, qui s’emparent totalement du pouvoir en février 1948, avec le Coup de Prague. Un impressionnant monument à la gloire du camarade Staline est construit sur le front du Parc de Letná : ouvriers, kolkhoziens et soldats se pressent derrière le « petit père des peuples » en un ensemble, sinon grandiose, du moins impressionnant. En 1960, une nouvelle sectorisation de la ville est adoptée (de 1 à 10), laquelle est encore largement en place aux débuts du XXIe siècle et quatre villes de banlieue supplémentaires sont absorbées par la métropole. La décennie des années soixante est surtout marquée par un programme de construction massif dans les banlieues où la construction en panneaux préfabriqués fait surnommer les HLM tchécoslovaques panelák (mot construit à partir du mot « panneau »).

Prague au temps du “socialisme à visage humain” et l’invasion soviétique

En 1968, le Printemps de Prague marque la ville de façon éphémère, il est écrasé en août par 400 000 soldats et 6 300 tanks des armées du Pacte de Varsovie. L’aéroport de Praha-Ruzyně voit atterrir les avions russes avec des équipements de combat. Les Pragois improvisent une résistance et des combats ont lieu, en particulier autour de la radio-télévision tchécoslovaque et du musée national tout proche. Le 16 janvier 1969, Jan Palach s’immole par le feu sur la place Venceslas pour protester contre l’invasion de son pays par l’Union soviétique. Le XIVe congrès du PCT marque la fin des hostilités, du Printemps de Prague et le début de la Normalisation en Tchécoslovaquie. En 1969, Prague devient la capitale de la République socialiste tchèque, l’une des deux républiques de la République socialiste tchécoslovaque (dont elle reste la métropole) qui se transforme en une fédération sans que son nom, cependant, ne soit changé. Mais ces années sombres au niveau politique et stagnantes au niveau économique n’empêchent pas la ville de continuer sa croissance. Le projet, presque centenaire, du métro de Prague et celui de la magistrála, la voie rapide qui traverse la ville sont mis en œuvre. Le pont de Nusle joint les deux projets en faisant passer le métro sous l’entablement du pont routier. Les années 1980 voient quelques grands travaux entrepris pour équiper ou embellir la ville : le théâtre national de Prague est restauré et rouvert en 1983, le Palais des congrès ouvre ses portes et le quartier de Pankrác se couvre de tours plus ambitieuses (et plus vides) les unes que les autres. À Žižkov, la tour d’émission de la radio-télévision tchécoslovaque est alors édifiée et reste à ce jour le point culminant de la ville.

La sortie du Communisme et la scission avec la Slovaquie, l’entrée dans l’Union européenne

La Révolution de velours, en 1990, marque pour Prague comme pour le reste du pays un grand changement : les signes du pouvoir communiste sont supprimés et le nom de certaines rues, places ou stations du métro sont « démocratisées ». Le pape Jean-Paul II et le président George Bush honorent la ville de leur visite. En 1992, le centre historique de la ville est inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Au 1er janvier 1993, elle devient la capitale de la République tchèque. Une réforme administrative, en 1995, définit une nouvelle segmentation des différents arrondissements de la ville qui deviennent plus autonomes. Vers la fin des années 1990, les banlieues voient l’éclosion des premiers centres commerciaux sur le modèle de ceux de l’ouest. En 2000, Prague est nommée capitale européenne de la culture. En septembre de la même année, le sommet du Fonds monétaire international se réunit au palais des congrès de Prague, ce qui provoque nombre de manifestations de la part des mouvements anti-mondialisation (essentiellement étrangers) qui affrontent la police durant toute la semaine. Un an plus tard, en octobre 2001, les chefs d’État de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord se réunissent dans la ville, ceci ainsi que le déménagement du siège de Radio Free Europe, entraînent des mesures de sécurités exceptionnelles qui paralysent partiellement la ville. La crue « bimillénaire » de la Vltava, en août 2002, nécessite l’évacuation de parties entières de la ville : Karlín, Holešovice ou le bas de Malá Strana se retrouvent sous les eaux. Si le métro de Prague est alors, lui aussi, inondé et mis hors service pour environ six mois, cela a lieu au milieu de la nuit et on ne déplore aucune victime. Par chance également, la Vieille Ville est protégée par des barrières anti-inondations et, contrairement aux inondations précédentes, reste hors d’atteinte des eaux.

Le nom de la ville

D’après les premiers chroniqueurs tchèques, le nom du château, puis par extension, de la ville entière, proviendrait de „práh“ autrement dit les sauts rocheux sur la rivière Vltava, par-dessus lesquels retombaient les eaux en grondant. D’autres interprétations existent et ont vu jour, notamment à l’époque contemporaine, mais sans réellement s’imposer.

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